Personnellement, je pense que certains parents manquent d'autorité, que l'enfant doit être confronté à des limites et à des interdits, qu'il n'est certainement pas un enfant-roi, en gros que l'autorité est nécessaire, mais je trouve qu'Aldo Naouri va trop loin et qu'il ne tient pas compte du besoin d'affection et de compréhension de l'enfant.
L'éducation que j'ai reçue ressemble à celle d'Aldo Naouri sur bcp de points (mais pas tous, car plus souple quand même). Les effets sont effectivement à la hauteur de certaines attentes puisque j'ai été, aux dires de mes parents, une enfant sage, calme, avec de très bons résultats scolaires, une ado dont la crise est presque passée inaperçue...
Mais je ne considère pas avoir été un enfant heureux. Les souvenirs de mon enfance ne sont pas tous bons. Je pense souvent au manque d'écoute et de disponibilité de mes parents, à la frustration de certains interdits non compris mais appliqués parce que çà ne se discute pas (en général, mes parents expliquaient, après coup, mais si je ne comprenais pas, c'était "comme çà, point" car "ce sont les parents qui commandent"), de l'obsession de ce qu'il faut dire et ne pas dire, faire et ne pas faire, de la difficulté à s'exprimer sur des sujets réservés aux adultes (on nous faisait comprendre que nous étions trop jeunes pour avoir une opinion digne d'intérêt), à la honte et à la colère d'avoir reçu à 15 ans une certaine claque (pour ne pas dire une série de claques) que j'estimais ne pas avoir méritée (et je le pense encore), des moments de larmes où je me disais que mes parents ne m'aimaient pas mais aimaient mes résulats scolaires et ma sagesse dont ils se vantaient tant. Mes parents m'aimaient mais ils me l'ont mal montré.
Quand j'étais petite, je voulais :
1) être sage et bien travailler pour faire plaisir à mes parents
2) grandir pour qu'on arrête de me dire que j'étais trop petite pour comprendre et pour donner mon avis sur le sujets sérieux. J'ai même cru à une époque que les enfants ne devenaient pas adultes, que c'était un mensonge pour qu'ils acceptent leur condition en en attendant une meilleure.
Maintenant que je suis adulte, je suis quelqu'un de sérieux, relativement bien élevé, j'ai plein de diplômes et un métier intellectuel mais je suis très mal dans ma peau. Je manque énormément de confiance en moi. C'est un défaut majeur dont découlent bcp d'autres faiblesses : timidité, susceptibilité, sensibilité, auto-limitation et auto-censure dans certains hypothèses, tendance à être "coincée"...
Je n'en veux pas du tout à mes parents qui ont fait ce qu'ils pensaient juste. Je ne leur dirai jamais ce que j'écris car çà leur ferait mal, je les aime trop pour leur infliger çà.
Mais je ne veux pas reproduire ce modèle avec mes enfants.
Pas non plus faire l'inverse. L'autorité est nécessaire car c'est une des bases de l'éducation. Un enfant ne peut pas tout faire, ne doit pas tout faire et doit apprendre à vivre en société, laquelle fourmille d'interdits, de limites et de règles de conduite. Mais l'autorité adaptée selon l'âge de l'enfant et conjuguée avec le dialogue et la disponibilité.
S'agissant des points de polémique, je la trouve assez fondée.
Le doudou pour moi est fondamental car il aide un enfant à supporter la séparation et la frustration.
Par exemple, mon fils a besoin de son doudou pour dormir et pour aller chez son assistante maternelle ou chez quiconque d'autre. Il renifle doudou chez le médecin, surtout lors des piqûres ou quand je le gronde. Il est nécessaire que je le réprimande parfois, je fais preuve d'autorité quand il le faut. Si doudou l'aide à surmonter sa frustration, je ne vois pas où est le souci.
Idem pour le biberon. Je ne vois pas où est le problème de le laisser après 2 ans. De toutes façons, jusqu'à 3 ans, un enfant est un bébé, alors je ne vois pas de raison de l'empêcher de se comporter comme tel. Même après 3 ans, s'il veut encore son bibiron, où est le mal ?
Quant à interdire d'abord, expliquer après et seulement si l'enfant le demande, je suis contre. A mon avis, une interdiction ne peut être bien appliquée que si elle est acceptée, donc comprise. Sinon, elle sera transgressée dès que le parent aura le dos tourné. Alors que si elle est comprise, je ne pense pas. Mais peut-être me trompè-je.